Quid d'Erasmus pour la rentrée 2020 ?
Le monde universitaire est plongé dans l’inquiétude suite à la réduction des financements par les vingt-sept États membres de l'Union Européenne. Cette décision entre dans le plan de relance post-covid et il semble qu’Erasmus paye les pots cassés.
Une décision désagréable pour les universitaires
Suite à de longues négociations à Bruxelles à propos du plan de relance post-covid, les pays membres ont trouvé un terrain d’entente sur le budget de long terme (2021-2027).
Le programme d’échange Erasmus va ainsi bénéficier d’un budget de 21,2 milliards d’euros. Ce montant est certes supérieur à celui des années précédentes (14,7 milliards sur les 6 dernières années) mais reste inférieur aux espérances de la Commission Européenne (24,6 milliards d’euros).
Il faut dire qu’Erasmus a profité à près de 10 millions de personnes dans 34 pays et donc la décision de réduire son financement ne réjouit aucun universitaire.
Des dépenses plus importantes
Le secteur de la recherche connaît une chute de 13,5 milliards à 5 milliards d’euros et est également touché par cette réduction du budget. Par conséquent, les jeunes sont considérés comme les victimes collatérales du plan de la relance économique. Patrick Martin-Genier qui est un professeur à Sciences Po et un spécialiste de l’Europe affirme que c’est un véritable danger de sacrifier les jeunes pour réparer l’Europe suite à la crise socio-économique engendrée par la covid-19. Il ajoute que l’éducation des jeunes est le secteur d’avenir et qu'il constitue une dépense prioritaire.
À ces propos, s’ajoutent ceux de D. Robert André, professeur émérite à l’Université de Lyon 2 qui se demande quel est le message envoyé par le plan de relance au supérieur, sachant que la mobilité et l’internationalisation étudiante constituent les principaux enjeux des politiques universitaires. Déplorant toujours cette situation, il ajoute que la coopération interuniversitaire qui en résulte est une chose importante pour les établissements, mais aussi l’Union Européenne.
Le programme Erasmus : une promotion des valeurs européennes
Erasmus est un programme symbolique pour les apprentis et étudiants qui avouent en tirer des expériences très positives. De plus, la plupart affirment que leur sentiment d’appartenance européen augmente grâce à ce programme. Les avantages d’Erasmus ne sont donc pas un secret pour la Commission Européenne. D’ailleurs, Bruxelles avait proposé de multiplier par deux le budget consacré au programme. Ceci étant, la révision à la baisse du budget est vue comme un camouflet qui créera certainement un trouble institutionnel.
Si le Parlement semble satisfait du plan adopté, il faut dire que son président David Sassoli n’a pas perdu de temps concernant les baisses de budget. Pourtant, il avait annoncé dans une conférence de presse qu’il était impossible de réduire le budget consacré à la recherche, aux jeunes et au programme Erasmus.
Erasmus : vers une réduction des projets et des apprentis bénéficiaires ?
André D. Robert affirme que cette coupe budgétaire injustifiée doit constituer une alerte. En effet, lorsque le budget dédié au programme d’échange demeure important, des moyens faibles entraîneront une réduction des étudiants ou apprentis bénéficiaires et des projets. Cela risque de constituer une grande perte pour les personnes qui vont renoncer à ce qui est devenu pour la plupart un rite initiatique.
Environ un million de Français ont bénéficié du programme Erasmus, ce qui place la France en première place dans le classement des pays européens qui envoient leurs étudiants à l’étranger.